Chronique du 27 août 1999

Je ne sais pas pourquoi, je tombe toujours sur ce qu’il ne faudrait pas. Comme tu le sais, fervent lecteur (mais attention, je suis loin d’être un petit saint), je lis régulièrement l’Echo des Caps. Quand il paraît. Parce que l’été, et c’est normal, il vaut mieux regarder les feuilles des feuillus que les feuilles de choux (bon, j’en conviens, la plaisanterie est facile).
Pour quelle raison un numéro traînant dans ma cuisine m’est-il tombé entre les mains. Surtout qu’il s’agit du numéro 523 du 1er octobre 1993 ? Parce que je ne fais pas le ménage tous les jours, tu vas dire ? Je sens que tu as un sens aigu de l’observation.
Mais comme un hasard peut en cacher un autre, mes doigts se sont glissés subrepticement – non pas dans la culotte d’un zouave -, mais entre les pages 08 et 09, je suis tombé sur une réflexion du rédacteur en chef du magazine susmentionné intitulée « Sur une reconnaissance officielle des réussites des uns et des autres ». Et j’ai lu, entre autres remarques judicieuses :
« Je prétends (lui, pas moi, car je cite) qu’un certain contexte local de « laisser-aller », dans lequel on laisse « dénigrer » ou « jalouser » toute entreprise individuelle ou collective avant même qu’elle ne soit lancée, la noyant dans l’indifférence quand elle réussit (ou est en passe de le faire…), je prétends donc (toujours lui) que l’on laisse détruire ainsi les « points de repères » indispensables à la bonne évolution de toute société. »

  Didier (parce que c’est son prénom), je te (parce que c’est un pote) tire mon chapeau.

Pour illustrer cette analyse qui remonte déjà aux calendes saint-pierraises (elles sont plus redoutables que les grecques), l’Agence Régionale du Tourisme, le Centre Culturel et Sportif, avec l’appui financier du Conseil Général, ont organisé contre vents et marées – n’en déplaise à tous ceux qui n’ont pas levé le petit doigt -, une opération de promotion de l’Archipel à Moncton, dans le cadre des cérémonies préparatoires au Sommet de la Francophonie. « Saint-Pierre et Miquelon toutes voiles dehors ». Projet mettant en lumière exposition sur le temps de la prohibition, théâtre avec une pièce historique intitulée « 1763 à Saint-Pierre et Miquelon » et ma pomme, en tant que saltimbanque accompagné de tout mon groupe de musiciens. Pour résumer, une organisation sans faille, un vrai régal pour tous les participants et un accueil particulièrement chaleureux des publics (car il y a eu deux soirées). Sur place, une équipe de RFO, deux techniciens, une journaliste, présente toute la journée, toute la soirée, toujours présente au moment du vin-fromages entre les deux parties du concert. Résultat, pas une interview. Rien ! Ni pour les musiciens, ni pour le théâtre.
Heureusement, il y avait d’autres équipes, mais elles n’étaient pas d’ici. Et nous nous sommes livrés avec plaisir à la joie des rencontres.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
27 août 1999