Chronique du 13 octobre 1999

Rubrique « Y’a pas de presse ».

Chaque semaine, L’Echo des Caps réserve une place importante – en première page, le plus souvent- à l’agenda municipal, histoire de savoir ce que trament les édiles. Ainsi en va-t-il de la semaine débutant le lundi 4 octobre 1999.

Lundi 4 : « M. Poulet, adjoint au Maire, assistait à une réunion de l’Assemblée Commerciale de Pilotage, avant de se rendre à celle de la Commission de Surveillance de la Maison d’Arrêt de Saint-Pierre ».

Là s’arrête l’agenda de la semaine. Qu’est-il arrivé ? Loin de moi l’idée que M. Poulet ait pu séjourner toute la semaine dans le cachot poulaga. La visite lui a-t-elle donc coupé le sifflet au point qu’il ne se soit plus manifesté ?

Se peut-il donc que toute l’activité édilique hebdomadaire s’arrête là ? « Moins on en parlera, mieux ça vaudra », dira-t-on en paraphrasant la paraphrase de l’éditorialiste se moquant dans le même numéro d’un « développeur » (conseiller économique) sémillant, mais du camp adverse.

J’ai été rassuré en page deux puis trois, le directeur de la publication étant prisonnier d’un éminent débat sur le « Séneçon faux arnica » ou « Séneçon de Jacob », une histoire de poux à se gratter la tête qu’on cherche dans l’herbe quand tout a été fauché.

Dans le même numéro – très nature – de L’Echo des Caps, l’on regarde vers l’horizon… régional. Moncton, ville importante du Nouveau-Brunswick (mais non pas capitale) est aussi dans la même merde que Saint-Pierre avec son eau riche en coliformes fécaux. On y lit : « L’an dernier déjà, pendant plus de deux mois, les résidents de Moncton ont été privés d’eau « potable ». Et cette année encore, le problème refait surface… » C’est sûr que faute de traiter les problèmes en profondeur, ils ne peuvent que rejaillir. Surtout qu’avec la coupe du bois, au Canada, le problème ne fait qu’empirer, à force de scier dans les chantiers, l’homme y laisse des traces, forcément. Quelle cruche ! Et comme dit, encore, l’éditorialiste, « tant va la cruche à l’eau… »

« Encore un bon exemple de la manière dont un mot peut voir son sens se renverser complètement », comme le précise L’Echo dans sa rubrique « étymo-jolie » à propos du verbe « abriter », à propos duquel je me dis qu’on n’est plus à l’abri de quoi que ce soit.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
13 octobre 1999