Session du Conseil Général sans concessions (de la part de l’opposition). 1999 reste fidèle à ses divisions.
On passe au vote.
On s’abstient.
Ah bon ?
Parmi les sujets, un projet de décret concernant la pêche de loisir aura retenu l’attention. Il tendrait à limiter les prises des plaisanciers (plus de 700 coques, dont plusieurs de noix). Toutes les espèces seraient concernées, crabes y compris, fussent-ils des neiges, quel que soit le panier.
On s’attendrait donc à un assainissement de la situation, oisifs et moins oisifs étant enfin mis sur le même plan (d’eau).
De plus, toute pêche en eau profonde (en tenue de scaphandrier) nécessiterait un permis des Affaires maritimes, soudain confrontées à une paperasserie supplémentaire (mais non superflue, les stylos étant à la cape depuis la crise de la morue). Les sorties en eau trouble s’en trouveraient soudain considérablement réduites, l’encre jaillissant moins vite des stylos que des encornets.
On imagine aisément un tollé de la part de tous ceux qui ont l’habitude de prendre le large, à moins que chacun, comme à l’ordinaire, ne sorte les tolets, histoire de garder la pêche. Toute la flotte de surveillance sera de garde 24h sur 24. Il ne restera donc plus qu’à se tenir les côtes pour échapper aux mailles, chacun, dans cette histoire, risquant de mordre à l’hameçon, en ne laissant rien filer.
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
5 octobre 1999