Chronique du 6 octobre 1999 (2)

Il est des titres qui font rire. Ainsi en va-t-il de celui relatif au repas officiel à la Préfecture de Saint-Pierre (et Miquelon), lors de la visite présidentielle de septembre dernier. A l’affiche : « Un dîner de têtes » rapporte La Lettre du Conseil Général, dans son édition d’octobre 1999.

 De quoi ? serait-on tenté de questionner.

Sans faire de cinéma, autant se payer la leur, vautré dans le plaisir gratuit du contribuable qui trinque des potions millésimées, histoire de faire écran.

  Quelles têtes de… a pu penser le président.

  Quelle tête de… a pu penser un autre de son voisin.
Quelle belle tête de veau ! aurait pu penser le Président perdu dans la soupière si on avait eu l’obligeance de lui servir son plat favori plutôt qu’un panier de crabes (des neiges). Ainsi aurait-il pu éviter de trop manger du regard son interlocuteur, puis son voisin, puis un autre, perdu dans la perplexité de son appétence présidentielle.

Pas de peau de bananes, dans ce repas qualifié de républicain. Les frères ennemis étaient rassemblés, couteau et fourchette tirées pour la grande cause(rie). Chacun, devant son plat, était à son affaire. « Au menu de ce dîner républicain, dit l’article, de pures productions du cru : crabe des neiges, agneau de Miquelon… le tout accompagné des meilleurs millésimes. »

Pas de soupe donc, de poissons par exemple. Elle eût pu être bonne.
Quant au dessert, était-ce une île flottante ?
A part le café, rien n’a vraiment filtré de cette ripaille, du moins dans la presse locale.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
6 octobre 1999