Le moins que l’on puisse dire, avec cet hiver plus rigoureux que l’ordinaire de ces dernières années, les Saint-Pierrais ne risquent pas d’avoir des grelots au cul, si l’on considère la quantité d’eau qu’ils consomment, « de 500 à 1000 litres » par habitant, nous précise Albert Pen, ancien maire de saint-Pierre dans un article publié dans l’Echo des Caps du 28 février 2003.
Car à part se laver, laver son linge sale en famille et nettoyer la place, avec sa seille et son mope, chacun admettra que la flotte municipale est rarement bue, malgré sa transparence apprêtée, tant est grande la suspicion quant à sa potabilité, au fil des défauts de coagulent et de produits divers au fil des déboires récurrents. Donc tout un chacun doit être propre comme un centime d’euro neuf et tout le monde devrait pouvoir se sentir, ce qui n’est malheureusement pas le cas, convenons-en. Mais le résultat ne provient-il pas de la division entre le nombre de m3 traités et distribués par le nombre de têtes de pipes ? Inclut-on le remplissage de la piscine propre à remplir les colonnes de journaux ? L’eau consommée par le traitement du poisson ? Auquel cas la quantité consommée par le buveur de whisky sec dans les eaux de quatre heures du mat’ serait la goutte d’eau qui ferait déborder le vase ? Dans une telle hypothèse l’amateur de « cul sec » peut-il craindre la pose de compteurs d’eau susceptible de mettre les pendules à l’heure ? Ne risque-t-on pas, a contrario, de fourguer des complexes à qui veut laver la vaisselle ?
Car comment déterminer qui consomme et qui ne consomme pas ? Prends ça et bois de l’eau. « Le hic, c’est de savoir si oui ou non, on peut techniquement installer des compteurs à cause du gel », d’ajouter Albert Pen. Voilà donc un débat propre à faire couler beaucoup d’encre, autre source de gaspillage potentiel, De quoi être lessivé au bout du compte (ou du compteur). Difficile toutefois de se laver les mains sans contribuer à la fuite en avant.
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
28 février 2003