Quand l’Archipel piétine

Poids du fonctionnement, limites de l’investissement, voilà qui résume la séance officielle de mars des conseils municipaux de Saint-Pierre et de Miquelon. Et chacun de déplorer les perspectives limitées pour la saison 2003. Car les grands travaux hantent les esprits ; construction, rénovation, bitumage sont le nerf de la guerre d’une année réussie. Et quand le béton vient à manquer…

L’action politique se trouve ainsi réduite à la gestion du quotidien, pour la préservation des équilibres d’une société insulaire tournée exclusivement vers la consommation. Et chacun de s’identifier aux mètres cubes de béton ou de bitume, voire aux mètres carrés pour ce dernier en fonction du type d’opérations, à la répartition d’une manne venue d’ailleurs. Le jeu politique se réduit donc à orienter les mécontentements pour se mettre soi-même à l’abri des manifestations des frustrations quand les contrats sont jugés insuffisants ou tardifs.

Certes il faut bien faire fonctionner la machine et l’ignorer serait suicidaire. Mais il manque le pourquoi de l’action, la définition d’axes essentiels assurant l’identification collective. Faute de cette formulation, l’Archipel souffre de l’atomisation des égoïsmes à l’origine d’un malaise collectif de plus en plus flagrant.

Et la séance marathon du 31 mars 2003 du Conseil général pour le budget 2003 n’aura pas permis de sortir de cette impasse.

Henri Lafitte, 31 mars 2003