Chronique du 1er octobre 2003

Interrogé sur le plateau du journal télé de RFO le 30 septembre 2003, le nouveau propriétaire du navire Aldona s’en est pris dans un moment d’anthologie d’une langue en mouvement (essaie de parler sans la bouger, toi) aux « trahisseurs » de la compagnie maritime Alliance qui se sont entendus dans son dos avec la compagnie concurrente Delta.

Certes les rigolateurs ne manqueront pas de relever le néologisme, souligné d’ailleurs par son premier concocteur. Mais chacun aura compris ces temps derniers l’importance pour l’Archipel du desservissement maritime. Sans desservisseurs, que ferions-nous ? Qui assurera donc enfin le transport maritime entre Saint-Pierre et Miquelon ? Le débat était à l’ordre (pardon, au désordre) du jour au Conseil Général dans une atmosphère toujours aussi pujilatoire entre le représentant de l’Etat et le Président de l’assemblée locale. Les réfléchisseurs de cette haute chambre ont retenu toutefois les choisisseurs qui auront la dure tâche, n’en doutons pas, de servir d’amortisseurs au lendemain de leur décision.

Le médiateur de la République, quant à lui, n’aura pas réussi à rapprocher les deux points de la droite de 50 mètres qui sépare la préfecture du conseil général – auquel cas, si les deux points étaient complètement rapprochés, au point d’être superposés, il n’y aurait plus de droite, si tu réfléchis bien.

C’est donc dans une atmosphère toujours aussi tendue que les bateaux pourront faire relâche. A charge pour le défricheur d’embrouilles de calculer la longueur de la ligne isobathe de la discorde.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
1er octobre 2003