Chronique du 4 mars 2004 (2)

V’là ti pas l’père que not’ député à nous, il va lui aussi au Salon de l’Agriculture (je mets des majuscules, puisque ça se passe à Paris, là où il y a de l’oseille). Mais pas tout seul, mon gars, non ; avec Brigitte, notre ministre de l’Outre-Mer. « C’est important d’être là » a précisé Gérard Grignon sur les ondes de RFO en ce 4 mars 2004, et on le comprend. Bon, on ne va pas en faire toute une salade. Il y deux cents ans, fallait se faire dans les salons, comme chez Jeanne Françoise Julie Adélaïde Bernard, plus connue sous le nom de madame Récamier ; aujourd’hui, faut accoucher entre le bœuf et l’âne, prendre un mufle de bovidé, se satisfaire d’un pis de vache, groigniter aux cochons – petit néologisme qui m’est venu en voyant Le Pen trouver les mots qu’il fallait pour parler à l’un d’entre eux -, soupeser les œufs de la première poule venue, faire l’andouille pour être entendu, jouer au fromage blanc, peloter les pamplemousses, admirer les paniers de crabes, flatter une effeuilleuse de lentilles, se casser la patate devant les caméras.

Adieu, veaux, vaches, cochons, poulets, de pleurnicher pendant ce temps l’électeur avec son panier percé. N’empêche. Le salon de l’Agriculture n’est-il pas après tout un lieu de prédilection pour les politiques, ces spécialistes des grandes foires (d’empoigne) ? On n’est pas à un tour de cochon près, tout de même.

Ils font ce qu’ils veulent, m’a confié un je m’en foutiste ; ça ne m’empêche pas d’aimer donner un coup de saucisse, sans qu’on l’étale sur les ondes.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
4 mars 2004