Drôle de Sire, “Pourquoi pas toi ?”

Drôle de Sire, « pourquoi pas toi ? »

Allez, pas de confusion, je n’ai pas écrit : Drôle de sire ! Pourquoi pas toi ? Car la majuscule et les guillemets font toute une différence. Et dire qu’à l’école on peut écrire Chie ! Raque ! et que ça vaut tout juste deux points en moins dans une dictée notée sur 20. Et encore, sans compter les circonstances atténuantes qui font que tu as pris un nom propre pour un nom commun.

Bon, je m’éloigne, comme souvent. Le « drôle de Sire », c’est le nom d’un groupe, mené par David Sire, avec ses chansons, sa guitare et son ukulélé, entouré par trois autres musiciens principaux, au saxo alto, aux guitares, au banjo, à la contrebasse, voire même à la guimbarde, avec la participation de percussions, d’un violon, d’un violoncelle, de cornet et trompette (sans tambour). Et « pourquoi pas toi », c’est le titre de leur dernier album.

Avec en ouverture une tranche de vie humaine sur un balcon. « sur mon balcon / Je tourne en rond / Et tel un lion / Derrière sa cage / Bave au menton / J’attends glouton / Quelques moutons / Dans les nuages / Je m’acharne sur les mes ongles rongés / Quand j’en ai plus, j’me fais les pieds / Je m’inspecte égal’ment le nez / Ça m’occupe une bonne partie de la journée. » Ah bon ? Tu habites au rez-de-chaussée. Et ça ne t’est jamais arrivé ? Farceur ! Tiens, je te cite un autre extrait de la première chanson « Car d’mon balcon / J’ai bon pignon / Sur les croupions / Du voisinage / Mais les croupions / Ont des soupçons ». T’as jamais essayer de mater les belles filles ? Réponds-moi si tu es un homme…

Tiens, je me suis même accroché en haut d’un pylône un jour de canicule insulaire dans mes vertes années alors qu’une belle saint-pierraise prenait son bain de soleil sur le toit de son garage. C’est fou comme on aime surplomber quand on n’a pas d’aplomb.

Donc, dès la première chanson, si tu ne connais pas « Drôle de Sire », tu t’exclames « Drôle de sire ! » Et tu écoutes la deuxième chanson.

« Elle me fait faire des trucs / Que j’aurais jamais cru / Des trucs / Tordus / Elle porte des perruques / Des dessous farfelus / Avec des clous / Pointus… » Et tout ça sur un rythme fou et affriolant, je te dis. « La poulie chinoise » que ça s’intitule, avec un bon support de ouah ! ouah ! (ou wah wah ) électrique.

Alors tu te dis « Drôle de micmac » et t’as pas tort puisque c’est le titre de la troisième chanson. Et c’est parti pour la valse de la vie » « Un petit trou de punaise sur le mur… Ce petit trou murmure une blessure / Que le mur n’oublie pas ». Tu t’avoue que ça a pu t’arriver, que tu étais pigeon… couac. Et il n’y a pas gourance car « Pigeon couac, c’est la quatrième chanson. Et les guitares roucoulent, ça coule, ça roule. Car les couacs, on connaît « Car quoi qu’l’on fasse / Dans ce cloaque / Quoique le temps passe / Toujours des couacs / Des petits couacs qui nous concassent ». Tant qu’à faire, autant s’occuper de son jardin, quitte à avoir « les pouces vertes », car c’est le titre de la cinquième chanson. Ah bon ? T’avais deviné ? « Oh mon amour, tu sais, je suis un homme / Ne m’prends pas pour un nain de jardin ». Non ce n’est pas à toi que je dis « mon amour », cher lecteur adoré. Je te cite la fin de la chanson, avant de rêver de partir en voyage. « Bon voyage », me souhaiteras-tu et je te remercie, car c’est précisément le titre de la sixième chanson. Tu ne vas pleurer si je pars tout de même ; tant pis si je suis, comme ce drôle de sire, « le roi des crocos ». Tiens, mais c’est un hasard,, c’est le titre de la… septième chanson. Eh oui ! Tu comptes bien. Tu as combien de doigts, au fait ? Car il y en a treize, de chansons.

C’est tout un sire, ce drôle de sire, et je lui tire mon chapeau en lui disant : Sire ! d’admiration. Du bon travail, de la belle mise en forme musicale, le « profil » qu’il faut en somme pour accrocher l’auditeur en quête de découvrance. Tu n’aimes pas ce néologisme ? Puisque je parle de « profil » c’est le titre de la huitième chanson. « Juste un trait de lumière profile ton visage / Mais la face cachée de toi m’obsède / Ce soir la jalousie se fout bien d’être laide ». Car on est amoureux dans la chanson, souvent, comme dans « les magazines », titre de la neuvième chanson, surtout quand tu rêves d’amour les fesses dans l’autobus ou dans le métro, si tu fais partie des chanceux qui hument la pollution des villes. Et dire qu’on peut aimer ! « Je suis un fanatique / Des transports publics / Un inconditionnel / Du bus et du métro », chante l’artiste. Un drôle de sire, je te le dis. Comme si ce type avec tout son imaginaire pouvait te faire entrer dans un monde étrange avec son « khaléïthéoscope » où tu peux quelque part à la dixième chanson espérer rencontrer Dieu lui-même. Peut-être pour avoir trop bu au point de voir des « souris roses », après tout, comme dans la onzième chanson. Cela est si fréquent quand on part en quête de merveilles » « Alice, Alice / Me diras-tu / Par quelle malice / Ta peau si lisse / Est tout à coup / Sans ses dessous ». Car elle s’appelle Alice, forcément, dans la douzième chanson. Tant que le ciel ne te tombe pas sur la tête, après tout, ou une « comète » comme dans le treizième titre de l’opus. « Pim pam poum / Le ciel nous tombe sur la tête », chante Drôle de Sire.

Alors tu ne peux plus écouter la quatorzième chanson et ça tombe bien, parce qu’il n’y en a plus. Alors tu réécoutes depuis le début, car tu as aimé, un autre artiste t’est tombé sur la tête, ce qui t’a permis de la retrouver, – ta tête – vu que tu l’avais perdue en me lisant. Tu es un drôle de sire, quand même. Mais ça n’empêche pas les bonnes surprises. La preuve, avec Drôle de Sire. « Pourquoi pas toi ? »

Henri Lafitte, Chroniques musicales
27 février 2004

Drôle de Sire, « Pourquoi pas toi ? »
Sélénote 8983 – Distribué par L’Autre Distribution

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