Chronique du 20 septembre 2004

Sais-tu que De Gaulle voulait supprimer le Sénat en 1969 à l’occasion du référendum sur la régionalisation, que Lionel Jospin le qualifiait dans Le Monde du 21 avril 1998 d’ « anomalie parmi les démocraties », preuve que de l’UMP au Parti socialiste on pourrait faire preuve d’un vrai sens démocratique et en finir une fois pour toutes avec les divisions superflues ?

Car à les voir bien installés , tous ces pantouflards à la sagesse surfaite, on pourrait croire que le Sénat a toujours existé. Erreur ! D’ailleurs, la IIe république(tu sais, celle qui donnait de vrais espoirs avant qu’un certain Napoléon III n’en vienne à étendre son empire) ne l’avait-elle pas supprimé ? Sénat, conseil économique et social ne sont-ils pas d’alléchantes planques à grenouilleurs qui privent le peuple de son pouvoir hypothétiquement souverain ? Certes, la sagesse des sénateurs a été portée aux nues comme la panacée dont le bon populo avait bigrement besoin. Mais avec le rabaissement à trente ans de l’âge requis pour se coltiner le cénacle des grands électeurs, on pourra toujours essayer de nous la refaire. Assemblée représentatives des collectivités, objectera-t-on encore. Mais le fonctionnement démocratique ordinaire de la décentralisation ne devrait-il pas suffire ?

D’ailleurs l’élection sénatoriale à Saint-Pierre et Miquelon est au (bas) fond très représentative. A part les échos décapants des tractations et pressions en coulisses, où sont les projets politiques soumis à la population à une semaine de la grande grugerie ? Force est de conclure qu’il ne nous reste guère que la clef des champs voire la clef de sol pour s’ouvrir la porte d’un refuge. Pourquoi pas par exemple un air de jazz avec Monty Alexander et Ray Brown ? « I’m afraid the masquerade is over ». Well ! But I’m rather afraid that it isn’t, dans son adaptation locale, of course.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
19 septembre 2004