Chronique du 13 octobre 2004

Sans doute te souviens-tu, ô lecteur assidu, du préfet Bonnet.

Dans le cas contraire, amuse-toi avec le seul nom pour critère (j’évite la référence).

Maintenant que nous sommes en phase, tu auras peut-être appris que le susnommé vient de reconnaître qu’il était bien l’allumetteur par délégation (pourquoi pas un néologisme qui vient tout corser, vu les circonstances ?)

Bien qu’il l’ait dit sans le dire : «Je ne lui ai pas dit: « allez incendier la paillote ». J’ai donné un ordre implicite. Le colonel Mazères a pu le prendre comme tel. Il avait la certitude qu’il serait couvert»

Comme disait Bossuet – lui qui n’était pas du genre à faire flamber des paillottes – ce qui se conçoit bien s’énonce clairement. Ne mesure-t-on pas, à ce niveau de responsabilité (singulière), les conséquences de tout bredouillage ? « Vaut-il mieux (alors) changer ses désirs que l’ordre du monde » ? – histoire de citer Descartes. Car le risque pour un subalterne au garde à vous n’est-il pas de prendre les désirs de son supérieur pour des réalités, auquel cas un tel transfert du non-dit peut mettre le feu aux poudres ?

Imagine de surcroît le subalterne en question marmonnant : « c’est un ordre à la con !. » Que dis-tu ? pourrait s’exclamer le supérieur. Je parle…, je parle à mon bonnet, répondrait l’autre, qui ne serait pas une flèche. Fais gaffe à ta barrette ! s’empresserait d’ajouter le premier.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
13 octobre 2004