Chronique du 10 novembre 2004

« Sarkozy veut améliorer les rapports entre banques et clients », apprend-on de Reuters en ce 9 novembre 2004. Et pourquoi pas un petit ballon d’essai à Saint-Pierre et Miquelon, Car l’incompréhension semble bel et bien (ou moche et mal, comme tu veux) s’être installée entre entreprises et banques locales. Non, non, non, nous ne sommes pas plus durs, disent les tenants de la bourse, oui, oui, oui, vous nous coupez les bourses, clament les laissés pour compte, la queue en trompette ; nous sommes un peu plus rigoristes, de préciser toutefois un maître ès fricandeau sur le tube cathodique. Tiens donc, c’était laxiste avant ?

Le téléspectateur avide d’éclaircissements n’aimerait-il pas tout simplement savoir si plusieurs entreprises sont dans le rouge ou non ? Y aurait-il refus de découverts supplémentaires pour des commandes qu’il faut bien payer histoire d’alimenter les stocks ? C’est-ti vrai oui ou non ? Le risque de fermeture d’entreprises est-il réel ou grossi ? Comment percevoir la différence des points de vue sans se mettre le doigt dans l’œil ?

Car derrière il y a l’emploi. Des patrons d’entreprises tout d’abord – petites le plus souvent, décisives toutefois pour l’activité économique de l’Archipel -, mais aussi des salariés, dont certains se retrouvent remerciés quand le déclin s’amorce.

Plus de 100 personnes issues du commerce et de l’artisanat se sont donc réunies à Saint-Pierre le 9 novembre 2004 dans la salle de réunion de la mairie pour lancer un cri d’alarme. Une mobilisation sans précédent dans ce secteur. Auront-elles été trop alarmistes ? Les banquiers noient-ils le poisson ? (qu’on ne pêche plus, je te le rappelle) Est-ce le fret qui tue ? Et si ce n’est pas le fret, pourquoi en arrive-t-on à des prix souvent inabordables pour le chaland ? N’y a-t-il pas des effets de seuil pour amortir les activités ? Et les études de marchés ? Et les taxes ? Et la politique ? Et qu’est-ce qu’on veut en fait ?

L’Archipel est entré dans une phase où de nouvelles incertitudes s’expriment alors qu’on semble avoir fait difficilement le deuil de l’activité de pêche aujourd’hui moribonde.(comment faire son deuil quand la mort n’est pas tout à fait consommée ?) Le fait d’en discuter est déjà une bonne chose. Ces rencontres permettront-elles de faire émerger les vraies sources des difficultés rencontrées ? La volonté ne semble pas faire défaut, ce qui en soi est encourageant.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
9 novembre 2004