Voici donc plus d’une semaine que j’ai vécu coupé de toi, ô lecteur ombilical. Tu te rends compte ? Pas un mot de ma pomme depuis le 27 octobre 2004 et nous sommes le 9 novembre… Depuis il ne s’est rien passé…
Ah bon ! Je te vois exprimer ton désaccord d’un mouvement incrédule de la tête mâtiné de moue dubitative ; il ne s’est rien passé… ; et Georges W. Bush alors ? Ah oui ! C’est vrai ! Le chevalier aux bras ballants, le jouet de Rumsfeld et Wolfowitz a été réélu. Et brillamment de surcroît ! (je ne dis pas « encore », car la fois dernière il avait plutôt l’allure d’un usurpateur)
Allez, je vais être franc avec toi ; John Kerry ne m’aurait guère enthousiasmé si j’avais été amerloque. Son appartenance clanique aux dargifs bourrés de nouilles de la riche Amérique blanche ne pouvait guère me convaincre. Mais Georges le Boucher pour une deuxième série de quatre ans, ah ça non !
Eh bien tant pis ! Les Franchouillards ont eu droit en leur temps à leur grand frisson un soir de premier tour printanier saisissant quand le petit Lionel s’est fait bouffer tout cru par Jacquot le croquant. Pourquoi pas les Américains, hein, même quand les feuilles mortes se ramassent à la pelle ?
Alors j’ai essayé de comprendre, dans un effort d’anticipation qui me faisait craindre le pire. Dans cet ordre d’idée, je te conseille la lecture d’un article de Serge Halimi dans l’édition de novembre 2004 du Monde diplomatique. Une analyse finaude, je te dis, surtout qu’elle a été écrite avant le décompte des illusions démocrates perdues. « A Charleston, nous apprend-il entre autres surprises, une libraire nous parle de son frère qui a choisi de voter républicain « pour des raisons religieuses ». Il est pourtant instituteur et n’a pas d’assurance médicale ». Ça en jette, non ?
Et si tu veux savoir dans quel train le monde s’est encore embarqué, en découvrant un peu plus celui qu’on a raté, je te suggère « Against all enemies » de Richard A. Clarke, le type qui s’occupait de la sécurité et du contre-terrorisme un certain 11 septembre 2001. C’est en anglais, of course, mais si t’es pas au point avec la langue du billet vert, inscris-toi dans un cours de langue ; on en trouve, même à Saint-Pierre. Et tu réaliseras alors combien ceux qui dirigent notre destinée sont plus riches que ton tailleur. (assimile cette dernière)
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
9 novembre 2004
Richard A. Clarke, Against all enemies – Inside America’s war on terror », 2004
Serge Halimi, « Le petit peuple de G. W. Bush » dans Le Monde diplomatique, novembre 2004.