Chronique du 30 décembre 2004 (2)

J’ai aimé.

Il est rare n’est-ce pas que je commence ainsi.

J’ai aimé le courage du journaliste Stéphane Bry de RFO Saint-Pierre et Miquelon, sur le petit écran du Vingt heures le 29 décembre 2004, pour voir été rabroué par le président du Conseil général, présent sur le plateau. Scène inhabituelle, l’intervieweur, un jeune journaliste saint-pierrais lui aussi, le président du Conseil et avant de laisser la parole au politique, l’intervention filmée en gros plan du porte-parole d’une profession qui a du mal à approcher des citadelles verrouillées. Et Stéphane Bry de citer les obstacles émanant des différentes autorités, administratives ou politiques de l’Archipel. Comment bien informer quand les portes restent si souvent fermées ?

Reste cependant que ne sera pas fait mention de frilosités qui peuvent intervenir suite à des propos parfois découpés, tronçonnés, susceptibles alors des déformations lourdes de mauvaises interprétations dans une communauté où passer les moindres propos à la moulinette constitue une activité dont tout un chacun se délecte, chroniqueurs compris.

Difficulté de l’exercice donc, mais mise en exergue sans doute indispensable. D’ailleurs, histoire sans doute de ne pas s’enferrer, le président du Conseil retiendra la conclusion du journaliste sur une note d’espoir vers une meilleure compréhension entre les parties. Tope-là, de dire le politique. A condition que chacun sache faire le pas nécessaire, ce qui pouvait aussi se comprendre.

Information, respect, apprentissage permanent de la vie en communauté, mais parole aussi salutaire quand la tentation de l’omerta n’est pas le lot commun d’un ailleurs dont on serait à l’abri… Tels étaient les thèmes sous-jacents de cet entretien inhabituel, bien mené par des participants qui ne se seront pas départis de leur calme. Un petit moment de démocratie insulaire donc que j’ai aimé, j’te dis.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
30 décembre 2004