Chronique du 13 janvier 2005

La phrase aura pu en surprendre plus d‘un. « Nous n’allons pas nous battre » de déclarer la présidente de la Chambre de commerce nouvellement élue le 12 janvier 2005 sur le plateau de RFO. Certes, la nouvelle responsable de la CACIMA (institution aux lettres inflationnistes pour avoir succédé à la CACIM, qui avait succédé à la CCIM) indiquait par là, en évoquant la situation du commerce local, qu’il n’était pas possible de s’opposer à la construction d’un centre commercial sur la péninsule de Burin à Terre-Neuve ou à la libre circulation des personnes. Que chacun prenne ses responsabilités en quelque sorte. Une attitude respectueuse de la liberté aussi.

Soit. Mais quid de l’effort de remise en cause de la démarche commerciale à Saint-Pierre et Miquelon pour aguicher et fidéliser le chaland ? Car dans un monde de libre circulation, n’est-ce pas la valeur ajoutée du service rendu qui peut faire la différence ? Tout ne se résume pas à une question de coût, quand parfois les différences sur ce plan ne sont pas si grandes, tous frais pris en compte. L’œil qui s’arrête sur le produit qui l’attire parce que la mise en valeur sort des sentiers battus n’est-il pas partie prenante de l’acte d’achat ? La relation humaine n’est-elle pas également déterminante ?

Se battre donc, mais sans se tromper de terrain, tout en participant à une prise de conscience collective des enjeux. L’Archipel n’échappe pas à l’ouverture sur le monde ; mais l’interaction avec l’extérieur peut être facteur de développement à condition de surmonter le repli frileux ou le réflexe insulaire, supposé obligé parfois, en tout cas faussement auto-protecteur. La force de l’initiative individuelle peut bousculer plus d’une structure figée.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
13 janvier 2005