Chronique du 1er mars 2005

Oui, je l’admets, je t’avais dit que je me gaussais pour la dernière fois du pape. Mais que tu me condamnes à la géhenne ou à un coin reculé du paradis, je ne t’enverrai pas au diable. Comment résister au plaisir de citer le journal Le Monde qui dans son édition du 1er mars évoque les fidèles privés de saint pape apercevant, ô divine surprise, le saint à la blanche calotte à sa fenêtre inhospitalière ? « Les fidèles placés devant l’immeuble sans âme de la polyclinique Gemelli et les téléspectateurs ont eu plus de chance » nous apprend le quotidien.

Alors là, je marque une pause à thé. (eh oui, qu’as-tu fait ? me dit-on parfois, trop de café tue mais se découvrir homme à thé peut être rédempteur) Rejette un coup d’œil dans le rétroviseur : « Les fidèles placés devant l’immeuble sans âme de la polyclinique ». Y a pas gourance. Le pape n’est pas mort ; d’accord ? Mais l’immeuble est « sans âme ». Donc le pape n’a pas d’âme. Ainsi soit-il.

Bref, je te le redis, il est grand temps que Dieu s’en mêle. Sinon le jésus, il ne sera plus crédible que chez le charcutier ou dans le calbar des infidèles.

« Muet, le pape est devenu la voix des sans-voix » nous dit encore Le Monde. Accroché comme il est au Vatican, ce n’est pas demain qu’il sera le porte-parole des sans-abri, je te le dis.

Quant aux fidèles privés de pape, tu ne me feras pas croire qu’ils s’ennuient plus que nos compatriotes de Saint-Pierre privés de matches de hockey de la coupe Stanley. Diable ! Mais que peuvent faire ces incrédules de leurs soirées ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
1er mars 2005