Chronique du 20 octobre 2006 (2)

La publication avec tambour et trompettes du premier calcul du PIB pour Saint-Pierre et Miquelon m’aura, tu t’en doutes, particulièrement amusé. Ramener l’ensemble d’une activité économique, salaires, commande publique et j’en passe, le tout réuni à 6000 pelés, ne pouvait aboutir qu’à un chiffre à vous couper le souffle, mais inutilisable sur le fond car non suffisamment signifiant. « A prendre avec des pincettes » se sera-t-on empressé de corriger. Mais quel prix pour les pincettes, vu qu’il faudra de nombreux voyages, colloques et autres facteurs inflationnistes pour en démontrer le côté foireux.

On aura donc investi dans le calcul d’une donnée dont on pouvait se douter – sans être grand clerc – qu’elle ne pouvait rien donner qu’un bâton à calmer les ardeurs trop revendicatives. Qu’on se rassure toutefois. Ne prête-t-on pas qu’aux riches ?

Ramenons par exemple le nombre d’idées fumeuses et autres projets savamment mis en touche aux quelques décideurs potentiels de notre microcosme, n’aboutirions-nous pas à un chiffre à en rester baba ? Cool !, observeras-tu à bon escient. Ils en ont aussi de bonnes ! Le tout ramené au même nombre de personnes, donnant un résultant moins probant alors qu’un seul projet concrétisé peut être source d’une vraie respiration.

Imaginons qu’on se mette à calculer l’IDTG (l’indicateur du temps gaspillé) ; ne risquerions-nous pas de ne plus disposer du temps suffisant pour nous en remettre ?

Comme quoi il est toujours bon de réfléchir aux paramètres de la vie.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
20 octobre 2006