Ça se lit comme un thriller ; c’en est tout bonnement un, avec un premier fil conducteur, une première histoire qui te prend dans ses rêts ; puis tout se complique, les intrigues se multiplient avec une dose savamment entretenue de suspense. Chaque chapitre – car le livre a des chapitres clairement titrés qui te font saliver – s’achève par une phrase d’accroche pour ce qui va suivre : « Un jour il saura, il se le jure. En attendant, il lui faut continuer sa route. Au milieu des masques, des dagues et des complots. Un jour, peut-être, vanda reviendra et parlera. » (Chap. « Le bal des menteurs, p. 129)
Nous sommes dans les arcanes du Pouvoir, à Paris principalement, mais comme dans tout bon thriller, nous serons emportés vers d’autres cieux, la Russie, l’Afrique, Taïwan, la Chine… Les acteurs sont adultes, pour la plupart terriblement masculins, autre caractéristique du genre. Imbroglios occultes, parcours croisés, plastique des corps, amours, haine, violence, morts inexpliquées, femmes fatales, tout y est. « Elle a des yeux clairs d’où émane une flamme étrange. Quelque chose d’électrique et de mystérieux » (p. 28)
Le rythme est soutenu. Onze chapitres dont les plus longs font une trentaine de pages entretiennent la cadence. Tenu en haleine, le lecteur est emporté dans le maëlstrom. Très vite les héros sont devenus familiers. Chirac, Sarkozy, Villepin vous fascinent…
Vient le moment inéluctable où toi, lecteur, tu marques une pause ; tu as froid dans le dos. Car tout est vrai, ma parole ! t’exclames-tu. Là est la différence, Un thriller devenu réalité ou l’inverse, comme tu préfères. N’es-tu pas comme dans les romans de Robert Ludlum (que l’auteur évoque d’ailleurs) ce « héros qui ne sait plus ce qui sépare le vrai du faux, le bien du mal » ?
Aussi, pour te détendre, es-tu prêt à te poser la question finale, comme dans le livre. Cette guerre des Trois a-t-elle eu lieu ? Sans doute voudrais-tu dire non…
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
2 novembre 2006
Serge Raffy, La guerre des Trois, Fayard, 2006 – ISBN 2-213-62745-2
