Chronique du 6 avril 2008

Un samedi à Saint-Pierre…

Jour de brume d’avril, où l’on voudrait expurger la gangue de l’hiver. Je me suis levé matin en quête d’une « flûte à Bec(k) » ; je suis d’humeur joyeuse ; ma boulangerie est musicale.

Puis j’ai désiré des pommes. C’était fermé ; tant pis pour ma pomme ; ce serait pour l’après-midi, le bateau ravitailleur ayant dû attendre la fin du mouvement des baliseurs. Mais difficile n’est-ce pas d’être demain au-devant de sa bouée sans résistance à la tentative de casse progressive et pernicieuse. L’archipel a réagi.

Le bateau à légumes bleu (le bateau) a posé son cul sur la cale. Tout le monde a la banane (malgré l’état de la pêche).

Les bananes étaient piglées, m’a-t-on dit ; j’en ai trouvé enfin des toutes jaunes, un peu plus tard dans la journée. Mais pour les fraises, j’attendrai avant d’en sucrer.

J’ai entendu la corne de brume dans le silence de ma marche d’avril qui floconne, comme une voix témoin pour assurer la permanence. Et puis je me suis reposé « aux fenêtres de ma vie » en écoutant Yves Simon. « Aux fenêtres de ma vie, je vois passer le temps », chante-t-il, de sa voix feutrée et captivante de « Rumeurs »… Tel est le titre de son CD paru en octobre 2007.

L’hiver aura été rude et long ; la terre, se réchauffe pourtant ; j’ai tendu l’oreille à une très belle chanson ? « Des oursons blancs dans nos bras »… « Un jour, c’est sûr, on oubliera / Qu’y avait des banquises et le froid / Des oursons blancs dans nos bras »…

Combien aura coûté la politique de l’autruche pour se pencher enfin sur le sort d’un baliseur dont on dénonce la vétusté depuis des lustres ? Quelles seront les réponses pour demain ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
5 avril 2008

Référence CD – Yves Simon, Rumeurs, Barclay, 2007