Chronique du 8 mai 2008

Difficile en ce pays d’être dans son assiette quand au menu du quotidien l’on déglutit à la table des convives de l’actu à couteaux tirés. Tourisme vu par une présidente d’association de professionnels, tourisme vu par le Comité régional du Conseil territorial, on sort la muleta dans notre auberge espagnole.

Pêcheurs de crabes, traiteurs de crabes traînent la patte. Qui livre à Terre-Neuve, qui à Saint-Pierre ; impossible de faire tourner l’usine faute de ressource suffisante alors que la pêche est bonne. Le président du Conseil a tranché : finie l’aide au fuel pour qui livre hors Saint-Pierre. Chacun n’avait-il pas, croyait-on, retrouvé la pêche ?. Et tous, à force de planer dans les tempêtes de l’incompréhension, de se poser un jour en crabe au risque d’une sortie de piste.

L’homme a introduit le chevreuil il y a une cinquantaine d’années pour faire pan pan ; la forêt se retrouve aujourd’hui au tapis. Les nouvelles pousses poussent et font vite pouce sous le museau des cervidés. Ô Arbres, grisonnants, fatigués, sans relève ! Ô serfs vidés privés d’épines !

Quant à moi, je te donne rendez-vous demain, pour une autre chronique ; si je ne suis pas là, c’est que je t’aurai posé un lapin. À moins que je ne déniche un nouveau lièvre sur ces îles à découvrir qui prennent sans cesse de la gîte sur l’océan des vagues à l’âme.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
7 mai 2008