Chronique du 4 mai 2009

Scènes ubuesques à l’aéroport Pointe Blanche.

Imagine un sas pour une cinquantaine de personnes, personnels d’accueil et passagers d’un ATR – eh oui, le plan de cette nouvelle aérogare reposait déjà à ce niveau sur un espace trop restreint et confiné – ; gendarmes, agents des douanes, police Air Frontière, voire même un directeur des affaires sanitaires et sociales, costumes sombres de leur fonction oblige– sans masque, d’un côté ; de l’autre, un alignement de tables où des personnels de santé, protégés des orteils aux cheveux, attendent deux par deux, en rangs d’oignons, tout de blanc vêtus, dans un contraste saisissant, les passagers de retour des vacances. Et c’est là qu’on distribue sous les néons, au sortir de l’entonnoir, des masques pour un contrôle de santé, dans le contexte craint d’épidémie de grippe, ayant pris sa source au Mexique, lieu de villégiature de deux cents de nos compatriotes, fin avril 2009. Prise de température, questionnaire sur les lieux de farniente fréquentés, à Cancun, à Ostende, ou bien ailleurs, bref, à ce niveau, du professionnalisme et une volonté de prendre en compte un risque réel de contamination possible pour parer aux difficultés éventuelles.

Mais que l’on n’ait pas voulu suivre au niveau des décideurs le conseil de distribution de masques à l’entrée de l’entonnoir inévitable, c’est-à-dire, l’avion lui-même, seul moyen d’acheminement des passagers vers l’Archipel, quel que soit le point de départ du voyage retour, voilà qui ne pouvait qu’amener à douter sérieusement des mesures « pratico-pratiques » vaseuses présentées par le directeur de la DASS, dans une intervention aussi claire qu’une eau tourbeuse, sur le plateau de RFO le 1er mai 2009.

Car la vraie difficulté était bel et bien la convergence vers un point d’entrée unique, incontournable. Distribuer des masques à l’arrivée pour quelques petites minutes d’entretien apparaissait bien dérisoire, si ce n’est qu’il était bon de prendre en compte la protection nécessaire des personnels de santé, sur le qui-vive du possible, en bute aux incompréhensions des uns ou des autres.

Occasion de méditer en les transposant « Les stratégies absurdes » – ou « Comment faire pire en croyant faire mieux » de Maya Beauvallet, livre qui aura agrémenté ma réflexion au départ de Paris. Car en la matière, il est en effet toujours possible de faire mieux… ou pire…, ce qui revient au même.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
4 mai 2009

Livre cité : Maya Beauvallet, Les stratégies absurdes – Comment faire pire en croyant faire mieux – Seuil – janvier 2009 – ISBN 978-2-02-098568-0