Chronique du 18 septembre 2009

Transparent, qu’il a dit notre président territorial que nous, on aime bien quand ça l’est, transparent, parce qu’on peut y voir plus clair. Comment s’est constituée l’équipe des actionnaires, par exemple ? Et les actions ont-elles été achetées avant ou après leur plus-value d’une nuit chaude ? C’est que tu aurais bien aimé en acheter 700 à un euro, par exemple, que tu aurais multipliées par 161 le temps d’un bon roupillon ; pas mal, pour le jour où tu revends. Ou bien encore 15 000 x 161, comme une entreprise désireuse d’investir, not bad neither. Surtout qu’il suffisait d’attendre pour que ça se multiplie, Jésus-Christ passant par là par l’opération du Saint Esprit. 15 000 euros, c’est le prix d’ »une bagnole avec ses quatre roues plus celle de secours, avec un beau volant et l’ouverture manuelle des portes. Un jackpot d’échappement je te dis, mieux que les machines à sous de notre casino virtuel, mieux qu’un placement identique à 3,5% dans une banque dont on te sucre une partie pour les impôts depuis qu’on s’est mis à taxer les efforts de précaution pour voir venir au cas où.

Mise de clopinettes x 161, voilà en effet de quoi avoir la pêche, ça c’est sûr, et que tu peux vite t’y mettre, même si tu n’y connais pas grand chose, comme d’autres l’auront d’ailleurs fait dans le passé.

Bon, j’ai pas trop compris l’intérêt de racheter au prix fort ce qu’on avait vendu pour l’euro symbolique. On redevient propriétaire d’une usine qui nous appartenait. Peut-être bien qu’on va nous l’expliquer. Mais le quai ? À qui il appartient le quai ? Car le terrain peut emporter les murs, non ? Alors on pourrait peut-être vendre des parts de quai à 1 euro ? Je mets une option sur une bonne bitte, ça peut toujours être ça de pris. De quoi, avec un peu d’imagination, entrer dans des transes, lucide. Que ça vous perturbe l’imaginaire, toutes ces opérations transparentes. Surtout depuis que j’ai lu sur wikipedia, à propos de transparence : «  on peut faire transparence de tout mais pas avec tout le monde. »

Ce qui fait que, ô lecteur bien-aimé, je te laisse dans la transparence de cet embrouillamini, que si ça a pu t’éclairer, moi pas, c’est clair.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
18 septembre 2009