Chronique du 7 mai 2010

À Saint-Pierre et Miquelon, les histoires « bateau » ont le mérite d’être riches en rebondissements. Paradoxe d’une desserte inter-îles complètement à plat depuis la fin du Saint-Georges, le plantage de moteurs de l’Atlantic Jet, les pannes du sabot de l’île aux Marins, l’achat d’un Cabestan dont l’histoire à quai tourne en rond…

Voilà que l’Arethusa, l’Old Man de nos voisins terre-neuviens, tombe à son tour en rade. Et les liaisons entre Saint-Pierre et Fortune (de mer) de se trouver interrompues. Ne se murmurait-il pas – l’imagination va toujours bon train – que, faute de bateau pour Langlade, – le catamaran supposé être acheté par la Collectivité est-il toujours disponible ? -, l’Arethusa pourrait être la bouée de secours de nos îles à la dérive ?

Y’en a marre d’être aux prises de bosses de rire, de s’insurger les coques à bittes, scotchées à leur quai comme les moules à leur rocher. Faudrait un plan ORSEC pour les remettre à l’eau, de commenter un badaud de mer. Pour les plans fixes, y’a pas mieux, d’observer un photographe. Pas besoin d’investir dans un reflex, on est sûr de les encadrer ces bateaux qui n’vont pas sur l’eau.

Qu’on se rassure toutefois. Il ne s’agit, pour l’Arethusa, que d’une pompe à eau qui a rendu l’âme, une pompe funèbre en quelque sorte. La résurrection est annoncée pour dimanche ; l’Arethusa n’est donc pas paqué. (délices des termes d’antan !)

On se marre, hein ?, sur le plancher des vaches.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
7 mai 2010