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Fabrice Nicolino, Qui a tué l’écologie ?

« Peut-on, sans sombrer dans le ridicule, prétendre que le monde court à sa perte tout en oeuvrant comme si l’on disposait de cinq siècles pour régler les problèmes entre gens de bonne compagnie ? ». Ainsi posé, le regard que jette Fabrice Nicolino sur les « officiels » de l’écologie est sans concession et son livre est pour le moins décapant, dérangeant, bouleversant.

« L’heure est au développement durable, forcément durable. Ce qui implique de bien fermer les robinets, de bien éteindre la lumière derrière soi et de trier ses ordures. Pendant ce temps, la destruction du monde continue. »

Fabrice Nicolino assume son pamphlet, convaincant dans sa démarche étayée, solide dans l’argumentaire et les démonstrations avancées. De quoi en avoir les poils qui se hérissent à chaque chapitre, voire plus, à chaque page.

Car il s’agit ni plus ni moins de survie de l’humanité. S’est-on suffisamment interrogé par exemple sur la motion aujourd’hui « évidente » de développement « durable » ? Les mots ne sont jamais neutres ; j’écoutais récemment Alain Rey, l’enchanté – enchanteur – des dictionnaires, qui le rappelait sur le plateau d’une émission télévisée consacrée au livre. Que cachent les deux termes « développement durable » ? L’ouvrage de Fabrice Nicolino t’emporte dans le maelström d’une réponse terrifiante.

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Parce qu’il faudrait ne pas avoir peur ? Parce qu’il faudrait toujours rassurer ? Forcément ? Oublier le passé et se tourner vers l’avenir, comme dirait l’autre en se dédouanant facilement de ses responsabilités ?

Forge-toi ton opinion, ô lecteur et plonge dans ce livre. Tu seras concerné. Con cerné, qui sait si nous ne le sommes pas tous, à des degrés variables, en fonction des circonstances ? Situation toujours difficile à admettre, tu en conviendras. Je te l’avoue, je m’en suis voulu, après lecture, d’avoir été si consensuel. Con sensuel, pendant qu’on y est. Toujours con, s’il y a bulle dans les religions d’État, assurément.

Je termine ma présentation sur un extrait de l’introduction : « L’image qui s’impose à moi est celle d’une famille de chez nous, grignotant un joyeux pique-nique sur la plage, le dos au tsunami qui approche. On se dispute. L’un reproche à l’autre d’avoir oublié le sel et les deux finissent par mettre une torgnole au gosse qui vient de laisser tomber le jambon dans le sable. Tandis qu’ils déplient leur nappe, pendant qu’ils se pourlèchent les babines une dernière fois, la vague s’apprête à déferler. »

Depuis l’écriture de ce livre, il y a eu le tsunami de Fukushima. Drame planétaire dû à la faute à pas de chance ? Ou terrible coup de semonce de l’inéluctable lié à la folie des hommes ?

Je n’ai pas pu m’empêcher de m’interroger une fois de plus en refermant ébranlé ce terrible « moment de vérité ».

Henri Lafitte, Lectures buissonnières
7 mai 2011

Fabrice Nicolino, Qui a tué l’écologie ? Éditions Les Liens qui libèrent – ISBN 978-2-918597-25-4