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Michel Haumont, Compositions pour guitare(s)

Il n’est pas toujours facile pour un butineur des mots d’écrire à propos d’un CD uniquement instrumental, d’autant moins qu’il s’agit d’un guitariste de connaissance ; « Compositions pour guitare(s) » de Michel Haumont est sorti en 2010. Mais prenons-nous toujours le temps de le prendre, le temps ? Je m’encercle, n’est-il pas vrai ?

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Réussite que cet album, témoin d’un parcours varié, au contact de nombreux autres guitaristes. Si Michel Haumont est connu aujourd’hui auprès de Maxime Le Forestier, impossible d’ignorer sa carrière d’instrumentiste et de compositeur en la matière. De l’école initiale de Marcel Dadi, à la grande maturité d’aujourd’hui, il aura su se nourrir d’influences multiples pour leur donner une tonalité qui est vraiment la sienne, toute de vivacité, de précision, de nuances dans les escapades multiples sur le manche d’une six cordes.

Pour donner une impulsion plus grande encore à son plaisir, sur les quatorze titres du CD, la plupart sont en duo, enregistrés dans d’excellentes conditions tant à Paris qu’en Allemagne, avec d’autres guitaristes, amis de longue date le plus souvent. La potion aura été magique. Rythmes, registres, styles des participants, la variété est grande et l’écoute se fait avec délice, du début jusqu’à la fin. L’artiste aura eu le bon goût de joindre un livret de présentation fort bien ficelé, situant le contexte pour chaque morceau, ce qui permet de mieux s’imprégner encore de la démarche.

Michel Haumont retient aussi l’attention par sa sensibilité et son tact ; nous nous en souvenons avec plaisir à Saint-Pierre et Miquelon ; il y est venu à quelques reprises ; celles-ci se retrouvent dans sa musique et le délié même des notes. L’ensemble est subtil et fort bien agencé, de la valse d’ouverture, en trio avec Manu Galvin et Jack Ada (eux aussi sont venus sur l’Archipel) au titre d’au-revoir, avec un guitariste belge Jacques Stotzem que je ne connaissais pas.

Jean-Félix Lalanne, Pierre Bensusan, Roland Dyens, Peter Finger, auront aussi été acteurs de ce projet abouti, ainsi que Dan Ar Bras, chacun apportant sa tonalité et son inspiration avec grande maîtrise. Intéressant aussi ce souffle malgache introduit par Solozaraf. Difficile alors de retenir le morceau que l’on a préféré. Quelques morceaux figuraient déjà sur son précédent album solo – « Ma guitare », « Irish dance », « Goutte, d’Or » ; ils trouvent ici une nouvelle impulsion dans la magie des synergies. Les vibrations propres à chaque instrument, de différents luthiers, tantôt cordes acier, tantôt nylon, la présence à l’occasion d’une guitare baryton, sont au cœur même de l’expressivité.

Le mixage est de grande tenue, ce qui donne un résultat convaincant, pour un moment privilégié de détente, dans cette évasion du corps et de l’esprit que permet la guitare lorsqu’elle est portée par d’aussi preux chevaliers des cordes.

Henri Lafitte, Chroniques musicales
5 décembre 2011

Michel Haumont & Cie, Compositions pour guitare(s) – Acoustic Music Records, 2010