Chronique du 20 juin 2012

Passion, rigueur, devoir de mémoire et de vérité étaient au rendez-vous dans la salle de spectacles du Centre culturel le mercredi 20 juin 2012 de 20h30 à 22h30. De nombreuses personnes avaient répondu à l’invitation de monsieur Bernard Decré – celui qui mit en place le tour de France à la voile -, dans sa double quête de l’Oiseau blanc, l’avion de Nungesser et Coli, disparu en 1927, et du chalutier le Ravenel qui, disparu corps et biens en 1962, laissa un archipel endeuillé.

Passion, celle de Bernard Decré avec une équipe bien rodée, qui, chaque année, depuis 2009 consacre quelques semaines à Saint-Pierre et Miquelon pour trouver des traces, avec méthode et obstination, malgré une contrainte dont on ne peut qu’avoir conscience : même en délimitant des zones de recherche, sur la base d’une réflexion approfondie, l’étendue maritime est immense ; explorer quelques secteurs, plusieurs heures par jour, revient à mettre quelques modestes timbres sur une page A3. Devoir de mémoire et de vérité aussi. Nungesser et Coli méritent amplement qu’on détermine le lieu de leur disparition, par respect pour leur mémoire ; de même que les familles touchées par le naufrage du Ravenel ont droit à la manifestation de la vérité, pour l’accomplissement de leur deuil, alors que de nombreux faits troublants sont peu à peu sortis du silence dans lequel ils restaient curieusement enfouis.

Sans doute aurons-nous eu une pensée particulière pour ceux qui auront eu le courage d’apporter un témoignage, ouvrant la voie des clarifications nécessaires. Notre identité insulaire ne peut qu’en ressortir grandie. Peut-on encore rêver que d’autres témoignages viennent contribuer à l’efficacité des recherches ? Des intérêts en jeu à l’époque peuvent être désormais vus avec le recul de l’Histoire ; l’essentiel est que les familles touchées recueillent tout le respect qui leur est dû.

La quête méthodique menée par Bernard Decré aura permis d’ouvrir la voie de l’espoir, de révéler des non-dits d’alors. D’autres interrogations subsistent. Mais n’est-il pas exaltant pour notre vivre ensemble insulaire que nous puissions trouver le chemin de la vérité ? La société SAFRAN, spécialisée dans la propulsion aéronautique et spatiale, les équipements aéronautiques, la défense et la sécurité, a accepté d’appuyer la démarche entreprise, pour l’Oiseau blanc de Nungesser et Coli, mais aussi pour le Ravenel.

Au cours de cette soirée, les limites de la quête patiente concernant le Ravenel auront aussi été mises en exergue ; avec les moyens rassemblés, compte tenu de toutes les incertitudes quant à la zone du naufrage, quelques décennies de ratissage de zone seraient sans doute à l’ordre du jour, une conjonction de chances n’étant jamais à exclure. Toutefois un vœu était renouvelé que des moyens de détection aérienne appropriés pour une masse métallique aussi importante que celle de l’épave d’un bateau, puissent être mis en œuvre, dans le cadre d’exercices où chacun pourrait alors trouver son compte. Une demande pleine de sagesse qui ouvrirait ainsi d’autres perspectives.

Les autorités de l’Archipel suivent ce double dossier avec grand intérêt ; au sortir de cette réunion d’information au cours de laquelle deux films nous auront été présentés, suivis d’indications très enrichissantes, nous ressentions comme un immense souffle retenu.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
20 juin 2012