François Villon, hier et aujourd’hui

Puissant, violent, Je, François Villon de Jean Teulé. La poésie, marche libre terrible vers l’on ne sait quelle destinée. C’était hier, temps d’exclusion, d’intolérance, d’instabilité politique ; une langue en émergence. C’était le temps de Villon, pas encore celui labellisé Renaissance. Moment charnière pourtant. Et Jean Teulé, de par son écriture, le traduit avec fougue, force, effervescence déchaînée. Le Verbe devient chair, meurtrissures, déchirures, jouissance, rires et tripailles, déflorations, viols, pendaisons, jaillissements, crimes, cris, amours, appels, sursaut du vivre encore. Lecture déstabilisante s’il en est ; on se retrouve tout con avec son souvenir du Villon des années lycéennes, lagardemichardisé. La vie nous rattrape, la terre s’est mondialisée, outrances, violence et intolérance se sont revitalisées, sous d’autres cieux, sur d’autres lieux…, quoique… Les années Villon nous reviennent à la tronche. Le JT du JT est étalonné au trouillomètre.

Peur, insouciance, indifférence, mais un monde en marche, trituré. Nouvelles incertitudes, nouvelles meurtrissures, nouveaux déferlements de l’insupportable. Mais rêve encore, mais poésie. Mais se tendre vers la vie.

L’on imagine tant que Quelqu’un « nous veuille absoudre »…

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
21 juin 2015

Livre cité : Jean Teulé, Je, François Villon, 2006 – Pocket – 978-2-266-16653-9