A chacun son jardin

Le 31 mars 2017 aura eu ceci de remarquable qu’il faisait à Saint-Pierre et Miquelon une vraie pétuche. A décorner… (à compléter selon son humeur)

« Il faut cultiver notre jardin », fait dire Voltaire à  Candide. Donc acte. Après moult réflexions et scepticisme grandissant au fil des pages du guide Clause de la désespérance du jardinier en herbe, je finis par m’avouer que, cette clause voltairienne battant de l’aile, il importait de m’atteler à ma propre cause sans foncer tête baissée tel un âne bâté.

Faute de retourner la terre sans jeter la pierre, l’évidence m’est apparue dans sa blancheur immaculée : il me fallait cultiver… la neige. J’aurai été récompensé, je dois le dire, au-delà de mes espoirs même si chaque jour les chasse-neige auront eu tendance à piétiner mon petit lopin. Qu’importe ! J’en ai remis régulièrement une couche vu que ça tombait du ciel.

La récolte fut si bonne que j’en ramassai à la pelle carrée pendant quatre mois. Certes faut-il se résoudre un jour ou l’autre à la fonte. Mais il en va de la neige comme pour la batavia (dite, allez savoir pourquoi « reine des glaces »), le rythme des saisons est incontournable, sachant que j’aurai été plus gâté par la neige que par toute autre forme de culture, de terre, de mer et de serre.

Il serait désopilant que mon choix de culture fasse boule de neige ce qui aurait pour corollaire d’inonder le marché. Mais il n’en reste pas moins que celui de la neige peut être aussi juteux que bétonner à tout va, surtout que ce sont les mêmes qui, fuyant l’artisanat, optent en ces domaines respectifs pour l’échelle industrielle.

Il n’en reste pas moins que chacun, à sa petite échelle peut entonner, les pieds errant dans le jardin de ses congères, « Avec ma petite pelle j’avais l’air d’un… »

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

31 mars 2017