Chronique du 27 mars 2017

Le froid est l’ordinaire, ma chaleur est polaire…

Je te vois hésiter devant mon alexandrin avec sa petite virgule à l’hémistiche. Ça rime à six-six, mine de rien… Il y a encore quelque chose qui te trouble ? Le froid est l’ordinaire, rien d’extraordinaire là-dedans ; on se caille les glaouis, tout bonnement, à pied, à cheval ou en caleçon. Tu ne peux pas me dire le contraire… D’ailleurs la dernière fois que tu as eu chaud c’est le jour où tu es sorti en chemise dans l’air glacial. 40 de fièvre garantie à cause du refroidissement immédiat. Chaud devant ! semblaient s’écrier les chasse-neige.

Mais en cette fin mars 2017, pas de neige. Que les trous béants dans le macadam lépreux des rues de ta ville d’exception. A refroidir tout conducteur pris d’un coup de sang. Gare à toi, piéton, où tu mets les pieds si tu veux éviter de te péter une rotule.

Bref, tu as peut-être eu chaud en évitant le dernier trou d’autruche dans la froidure de ton ordinaire, le Froid, froid comme la glace, garde la tête froide. Toi, calfeutré dans ton nid à fuel, ça te chauffe le sang de voir les présentateurs de météo sur les plateaux de ton zapping t’annoncer la température estivale sur l’Hexagone so far so French.

Le froid est l’ordinaire, ma chaleur est polaire…

C’est que je ne le quitte pas ce polaire qui me réchauffe. Pas con. J’ai pas envie de me glacer le buffet. Faut en avoir dedans pour oser enlever le cocon protecteur. La frilosité ne guette-t-elle pas celui qui les a au chaud ? Tu te calfeutres. Et tu ne portes pas qu’un polaire, bien sûr ; faut bien penser au reste, à tout ce qui peut se ratatiner quand on se gèle jusqu’au Bosphore intime.

Avec ces faits, ris un bon coup. Si ça peut te réchauffer les zygomatiques…

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

27 mars 2017