Du vent dans la plume…

Je peux t’assurer, ô lecteur, que sorti de la couette en ce samedi tempétueux du 11 mars 2017, t’avais vite fait de te rendre compte qu’on nous avait transbahutés pendant qu’on ronflait du 46 au 56è parallèle. Tout était gris et blanc, sauf les bandes noires éparses de bitume verglacé, épargnées par les congères. Et que ça tourbillonnait au point que les glass de mes verres progressifs ne savaient plus où donner de l’ajustement. Dans une rafale j’ai cru que j’avais soudain le tarin dans les esgourdes et le dargif dans les quinquets, c’est te dire.

Je me rendais donc à la librairie Lecturama pour ma séquence dédicaces Frêle de plume en me murmurant que je n’allais pas user mon stylo réclame. Eh oui, tu ne crois tout de même qu’on sort un CD aujourd’hui accompagné d’un joujou plaqué or de chez Roubignole.

Quelle ne fut pas ma surprise de voir des courageux s’ébrouer comme font les labradors en sortant de la flotte ! Ça alors, me suis-je dit, ça c’est d’la musique…

J’ai eu chaud au coeur et ceux qui m’ont troussé dans la foulée (de l’île) un mot sympa ont eu droit immédiatement à la reconnaissance de mes neiges éternelles sur papier glacé chaleureusement calligraphié. J’ai même eu l’impression qu’à chaque entrée le vent en rajoutait une couche, histoire sans doute de se moquer de ma tronche pour avoir écrit un jour « On se plaint du temps qu’il va faire… »

Je me suis ajouté que l’ouvrir encore avec des pointes à 70 noeuds, c’est m’assurer d’avoir des chansons dans le vent. Non ?

Et je suis rentré chez moi pour boire un bon coup. Igloo, igloo…

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

11 mars 2017