Les 40è rugissants des Gabiers d’Artimon

40 ans de chansons ! Deux concerts pour célébrer cette belle longévité des Gabiers d’Artimon de Lorient, chœur d’hommes sous la houlette ces dernières années d’une femme de grande expérience, Manuela Prado. C’était ce printemps 2019 pour le premier, puis ce mercredi 9 octobre à Ploemeur, dans le Morbihan, dans la belle salle Océanis pour le second rendez-vous.

Le public aura répondu présent. C’était à guichets fermés pour le premier concert ; le second aura connu le même succès. Et nous tous de goûter tout un parcours d’équipe, dans un enthousiasme qui nous emportait toutes voiles déployées. Quel bel hommage musical au monde de la mer !

Le quarantième était bel et bien rugissant, comme l’annonçait l’affiche, mais avec amplitude et harmonie, dans un déploiement assuré des différents pupitres, accordéons et guitare principalement, voire flûte et cornemuse, en appui. Le concert rendait hommage en particulier à Bernard Dupont, le premier chef de chœur, récemment décédé, un homme qui m’aura beaucoup touché par la force de son combat. La seule évocation des Gabiers était l’antidote contre les coups terribles du sort. Le monde de la mer n’a-t-il pas toujours révélé une autre dimension de l’être humain ? « Tiens bon la vague et tiens bon le vent » dit une chanson portée depuis plusieurs décennies par Hugues Aufray, lui aussi porteur de ce qu’insuffle la musique.

Du modèle initial des Compagnons de la Chanson à ce chœur qui sait renouveler son répertoire dans une grande diversité thématique océane, où l’humour avait aussi ses entrées, le public était ravi. La qualité des montages visuels participait de cette belle dynamique, sans oublier les danseurs du Cercle celtique de Belz qui nous faisaient ainsi osciller chaleureusement entre mer et terre. Parmi les spectateurs attentifs on pouvait noter la présence du grand chef d’orchestre Paul Kuentz et de son épouse.

T’es-tu déjà trouvé dans une anse aux parois rocheuses en forme d’agora avec l’amplitude sonore de la mer et du vent qui te transporte dans une intensité sonore à te triturer l’essence même de ton être ? La chanson des Sardinières, en fin de concert, avait une fois de plus cette dimension multi-phonique.

Dans un monde toujours aussi troublé, toute l’assistance plantait de concert un oranger de la Ballade nord-irlandaise. Les Gabiers saluaient le public fidèle d’un Kenavo de joie en crescendo ; ils seront là encore demain, équipage soudé d’une humanité chaleureuse, sur les vergues aux voix multiples, énergisantes et mélodieuses.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

10 octobre 2019