Ô mon cochon !
Il y a de ces expressions qui traînent des effluves dans leur sillage…
Réfléchissons (sans miroir). Ne prenons pas ce qui est évident pour une évidence. (Pardon pour le truisme).
J’ai lu Cochons, Voyage au pays du vivant, d’Érik Orsenna. Cet essai retient l’attention, car il nous donne un bon aperçu de la variété du vivant et nous aide aussi à nous situer dans ce vaste ensemble, au cœur d’une Gaïa (terme que j’emprunte à Bruno Latour) de plus en plus malmenée.
Gaïa, la Terre, avec laquelle nous sommes en interaction.
Il est un côté multi-pistes qui peut désarçonner. Cochons ? Il est aussi question des moustiques, des chauves-souris…
La démarche se veut vulgarisatrice, encyclopédique en mouvement. Elle révèle une grande curiosité qui aiguise la nôtre.
Il n’y a pas si longtemps, l’environnement, naturel, végétal, animal, ne nous paraissait-il pas comme… extérieur ? L’épidémie de coronavirus – et la recherche de ce qui l’aura enclenchée, les bouleversements climatiques – la montée des eaux à Saint-Pierre et Miquelon est une réalité qui désormais chausse les bottes -, la pollution des sols (à notre échelle, le traitement des eaux usées sur tout l’archipel), modifient en profondeur notre quotidien, qu’on y réfléchisse ou non.
L’insularité est un milieu protecteur ambivalent. Protection et fragilité, stabilité et mouvance… Les îles sont interconnectées avec le monde ; la planète n’est qu’une dans sa diversité. Le mouvement des ailes des papillons aux antipodes finit-il par faire s’envoler un grain de sable sur la dune ?
On est loin du jambon, du boudin, de la queue de cochon, me diras-tu. Eh bien non. D’ailleurs il suffit que tu te plonges dans le livre dont je te cause pour y voir plus clair.
Erik Orsenna, de chapitre en chapitre, d’éclairages en éclairages, sait nous emporter vers des convergences inattendues.
Henri LAFITTE, Chroniques insulaires
8 mars 2021
Erik Orsenna, Cochons – Voyage au pays du vivant – Fayard Stock – ISBN : 978-2-213-71287-1