Soir de pluie

Ça suètise à tout va en ce 26 avril 2021. La journée s’achève. Ça suètise tellement qu’on y voit goutte à l’horizon, surtout que la lumière se tamise pendant que je poétise en rêvant à la Seine (ou à la Garonne si tu préfères), par compensation. C’est perturbant la poésie par temps de pluie, surtout si l’on se met à sécher. Un comble sous les toits quand « le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle », comme disait Baudelaire qui n’a pas loupé son inspiration.

Les rues dégoulinent de partout, les sapins dans les cours sont secoués comme des pruniers, dans une transmutation du paysage. Les pissenlits, petits futés, s’enterrent, sous terre, forcément. De leurs racines ils bayent aux corneilles. Pas un chien, pas un chat, pas un rat. Les bouches d’égouts en voient de toutes les couleurs.

La super lune sera rose, nous avait asséné la presse qui n’en est pas à un effet d’annonce près. A imaginer notre satellite privé de nos regards ébahis, je n’ai pu m’empêcher de penser à tous ces marionnettistes qui loupent leurs mises en scène face aux perturbations.

Henri LAFITTE, Chroniques insulaires
27 avril 2021