Avishai Cohen, Shifting Sands

Comme un enchevêtrement… Interwined, titre du premier morceau, ouvre l’album Shifting Sands du contrebassiste Avishai Cohen. Ils sont trois, Avishai Cohen, compositeur de l’opus, Elchin Shirinov au piano et une jeune femme à la batterie qui m’aura frappé lors d’un concert découvert sur YouTube, Roni Kaspi, époustouflante de précision et de finesse. Je les ai loupés de peu à la clôture du festival Jazz sur les pommiers, édition 2022, à Coutances, on the road again oblige le jour même. Mais quoi de mieux qu’un CD pour ouvrir la fenêtre de l’enchantement ? D’ailleurs n’est-ce pas le titre du deuxième morceau ? Window.

Le trio est soudé, dans un équilibre captivant. Ainsi en va-t-il dans Dvash qui inscrit l’approche musicale dans une inspiration venue d’Israël. Joy nous insuffle la joie précisément, celle qui sous-tend la mise en forme, basse et piano sur la même ligne mélodique puis la batterie ouverte à son libre cours sur un fond lancinant au piano. S’enchaîne Belowdans une suite de notes toutes en retenue, basse en interstice, et frottement des balais… On se sent bien, musique subtile, propre à la rêverie et à l’apaisement… Les trois virtuoses ne rivalisent pas, ils vivent intensément une belle complémentarité au service de chaque titre. On se laisse ainsi facilement emporter dans leur univers. 

Et quelle belle composition sur un accord de Fa mineur que Shifting Sands ! Notes fluidifiées du piano, soutenue de basse et rythmique subtilement dosée. Viennent les arpèges évocateurs de la fragilité du sol et la basse pour traduire les forces profondes en latence. De la fragilité des choses de ce monde…

Cha cha rom est d’un tout autre rythme, entêtant dans le glissando de l’archet et les notes appuyées du piano. Chaque titre de l’album jusqu’à son point final apporte son atmosphère, son déroulé, son inspiration.

Un album captivant et apaisant dans ce monde chaotique.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

29 septembre 2022

Avishai Cohen, Shifting Sands – 2022 – Naïve