Marie Sizun, La maison de Bretagne

Est-ce à Hoëdic, au large des côtes du Morbihan, que j’ai entendu parler d’une « maison des veuves », d’une maison éloignée du centre du bourg où il n’y avait tout simplement pas d’homme ? Peut-être que non après tout ; la mémoire peut avoir des défaillances et ouvrir la voie de l’imaginaire.

Qu’importe. Car il en est question de ce type de maison dans le roman de Marie Sizun, La maison de Bretagne, sur l’Île-Tudy, dans le Finistère, cette fois.

Retrouver un dimanche la maison de son enfance, avec l’idée de la vendre, quelle décision ! Mais y découvrir un mort, cela jette un froid, forcément. L’écriture est alerte, phrases courtes, limpides. Etrange aventure : « C’était comme si une fatalité s’attachait au destin de cette maison. »

S’ouvrent les réminiscences, subtilement déployées. L’évocation quasi fantomatique du décor, « rivage brumeux », esquisse un temps aquarelle dont on se plait à s’imprégner en compagnie de la narratrice. Pour un peu on se voit l’accompagnant à l’épicerie du village.

Dimanche, lundi, mardi…, le roman se déroule au fil d’une semaine entre arrivée et départ. Une intrigue se noue avec finesse, sensibilité et sens du pastel ; notre curiosité est tenue en éveil. 

Lire ce roman est comme parcourir un temps suspendu, dans l’intimité d’un Je féminin en quête de sens, où « on a l’impression de rêver, d’être dans un monde parallèle, pas tout à fait à fait réel », le tout pétri des couleurs et parfums de la Bretagne côtière.

Il faut une belle qualité d’écriture pour que l’on ait le ressenti d’être aux côtés de la narratrice, dans une maison qui nous parle à notre tour.

C’est qu’elle prend toute sa dimension cette Maison de Bretagne, dans un beau rapport à la vie.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

29 septembre 2022

Marie Sizun, La maison de Bretagne – 2021 – Arléa Editions – ISBN : 9782072950193

Paru en format poche – Folio

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