Dode au Bar à Quai – 2024

Il est des soirs qui vous transportent, dans une barque d’insouciance musicale au cœur des connivences. Ainsi en aura-t-il été au Bar à Quai à Saint-Pierre en ce 27 janvier 2024. Dehors une froidure sans neige ; dedans la chaleur de l’effervescence multi-générationnelle dans un bain de jouvence, le groupe Dode ayant décidé de proposer une soirée acoustique. Il est 21h00, la soirée cabaret est enclenchée. L’adhésion est immédiate, les musiciens ayant réussi la prouesse de s’adapter à l’espace restreint de la scène en coin. Bob, le bassiste rocker est juché sur l’escalier ; Claire est-elle montée sur le piano pour rejoindre le clavier ? Oswen fait corps avec sa batterie, Mickaël et Steven à leur guitare acoustique de part et d’autre de la scène et le poète aux cheveux blonds bouclés, sur le devant, tantôt assis, souvent debout. La salle est comble, capacité d’accueil de 70. 

Le désir d’une soirée où le public est en phase immédiate avec le groupe rayonne en fulgurance. Quelle chance d’être là dans ces tonalités rock dans une bonne maîtrise des décibels et la saveur de la langue française. Les yeux du public pétillent, les voix de la salle accompagnent le chanteur. Que de textes désormais partie intégrante du ressenti collectif ! Je relève une nouvelle fois dans l’écriture toute la complexité du rapport de l’artiste à la vie, dans les espoirs, la mémoire, les attentes, la force des regards qui nourrissent l’imaginaire. La rythmique nous aura tous saisis. Les corps répondent à ce besoin d’ondulation qui vous sort de votre ordinaire.

L’ambiance est décontractée, le groupe n’hésitant pas à présenter de nouvelles compositions. Mais il est des classiques où le chanteur à la voix envoûtante peut laisser la place à toutes celles qui reprennent ses textes, dans un aller-retour que permet la magie de la musique. « On voit du rouge dans leurs danses (…) On voit du bleu dans l’immense… »

« Le serpent qui danse »  baudelairien nous aura lui aussi porté « comme un navire qui s’éveille… »

Le groupe Dode aura ainsi partagé le grand plaisir des retrouvailles, les mois d’absence ayant nourri ce besoin d’être là, à nouveau, avec son public en harmonie.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

28 janvier 2024